Page 20 - ARS MAGAZINE
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MÉDECINE PRÉDICTIVE PERSONNALISÉE :savoir pour évoirEt si demain, dès la naissance, il était possible de connaître le futur médicalde chacun, de prédire les prochaines maladies. Effrayant ? Antoine Magnan, professeur pneumologue, président de la commission médicale d’établissement du CHU Nantes, président du comité national de coordination de la recherche, nous éclaire sur la question.4Pprédictive personnaliséeparticipative de précisionPrévoir nos maladies n’est pas une éventualité, c’est déjà une réalité grâce au développement de la médecine que l’on appelle 4P: prédictive, personnalisée, participative et de précision. Face à l’augmentation de l’espérance de vie, donc des maladies chroniques et des dépenses en santé, la médecine prédictive personnalisée ouvre la voie à une nouvelle vision de la santé.« Les professionnels de santé doivent se préparer avec les citoyens au bien vieillir en se concentrant davantage sur le bien-être plus que sur la maladie » appuie le professeur Antoine Magnan.Aujourd’hui, dans le domaine de la génétique, le séquençage du génome entier est simple et réalisable pour un coût modique. L’ensemble des gènes exprimés, des ARN messager ou ARNm (acide ribonucléique message) peuvent être observés sur un petit morceau de tumeur. « Le séquençage de l’ARN est quasiment passé dans les mœurs. Les IPS (Index de Pression Systolique), les cellules souches pluripotentes induites, sont des moyens d’étudier les organes sans les toucher. »À partir d’un échantillon sanguin, il serait donc possible de voir les signatures moléculaires sur plusieurs gènes mis en réseaux, prévoir l’évolution d’une maladie ou l’apparition d’une maladie chronique et prédire si le traitement à administrer sera ef cace ou pas. On ne se concentre pas sur un organe particulier mais on prend en compte l’ensemble des gènes exprimés pour une approche systémique. Chimistes,mathématiciens, ingénieurs, médecins, analystes, sociologues... La médecine 4P est multidisciplinaire pour aboutir à la modélisation de ce que vont devenir les personnes examinées. « Plus que des patients, on s’intéresse d’abord aux personnes en bonne santé pour prédire ! » ajoute Antoine Magnan.Au l du temps, l’humain est soumis à la modi cation de ses organes et ses tissus. Ce remodelage est causé par des gènes et des facteurs modulateurs. Tous ces gènes sont des biomarqueurs, des éléments « prédicteurs » donc des cibles thérapeutiques. En effet, en les ciblant avec un traitement particulier, il serait possible d’éviter certaines maladies. « Pouvoir prédire l’apparition de gènes avant des symptômes peut changer le cours d’une vie ! » Autres éléments pris en compte : l’environnement de vie de la personne, les facteurs extérieurs. Il est possible de connaître le degré de pollution atmosphérique du lieu d’habitation du patient, de savoir quelle est son exposition à des particules nes ou autres polluants...Toutes ces informations sont croisées pour enrichir la prédiction.Prédire pourrait à terme représenter une source d’économies pour la médecine, de savoir ce qui va fonctionner ou pas en terme de thérapies ciblées, cette solution si coûteuse aujourd’hui. Prédire ferait également évoluer la prise en charge du patient.On peut, par exemple, évoir de voir moins souvent un patient pour qui l’on a édit que toutse passerait bien.Cette nouvelle vision de la santé induit également de nouvelles formations, de nouvelles trajectoires du patient et pose la question de son accessibilité. Du couple soignant/soigné, émergerait un nouveau duo : celui du prévenant/prévenu.20 Et si on repensait le système ?2