Page 32 - ARS MAGAZINE
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LA SANTÉ DANS TOUTESles politiquesL’environnement, les conditions de vie d’une population sont des déterminants qui ont un impact sur la santé. L’emploi, l’éducation, l’urbanisme, le tissu social ont un lien irréfutable avec la santé : « Ne pas avoir son bac peut être considéré comme une condamnation à mort, car ces personnes font partie d’une population dont on remarque que les risques prématurés de mort sont accrus. » Les approches traditionnelles centrées sur les facteurs de risque ont atteint leurs limites car il est en fait question d’inégalités. « Réduire le tabagisme va avoir un impact sur l’espérance de vie mais ne va pas réduire les inégalités » ajoute Éric Breton. Ce sont des conditions de vie que découlent les facteurs de risque. L’isolement social et la mortalité prématurée sont liés. Le psychique rejoint l’aspect physique.Réduire le tabagisme va avoirun impact sur l’espérance de vie mais ne va pas réduire les inégalités.« Les soins en santé ne font pas la santé d’une population. » Et si la santé n’intéressait pas que le monde de la santé ? Éric Breton, Docteur en santé publique, titulaire de la Chaire INPES « Promotion de la santé » à l’École des Hautes études en santé publique, décrit les enjeux du développement dela santé dans toutes les politiques publiques.Le système de santé doit s’intéresser aux conditions de vie pour mener à bien sa mission, il doit intégrer une perspective socio- écologique car « notre santé est le produit de nos transactions avec nos environnements physiques, économiques et sociaux ». Au-delà de l’individu, le champ de la santé allié à toutes les politiques locales doit amener à des transformations de normes sociales.Pour amorcer ces transformations, l’implication des populations et la mobilisation de leurs ressources sont primordiales. Car, plus que de combler des carences, le système de santé doit encourager la mobilisation des ressources présentes, aussi modestes soient-elles.Cette notion s’est retrouvée dans le projet participatif « Ensemble la santé pour tous » mené en Pays de Redon et en Bretagne Sud qui a amené la proposition de mesures universelles plutôt que de dispositifs. « Nous sommes obnubilés par les dispositifs, dès qu’il y a un problème, on pense systématiquement à un dispositif et cela nous amène souvent à la stigmatisation de la population » réagit Éric Breton, Docteur en santé publique, titulaire de la Chaire INPES « promotion de la santé » à l'EHESP. La ré exion a permis de détecter les déterminants de santé du territoire. L’analyse des conditions de vie et les aspirations dela population ont permis de conclure que la solitude est l’affaire de tous. Les personnes âgées ne sont pas les seules à en souffrir, les adolescents, les femmes au foyer avec leurs enfants sont aussi sujets à l’isolement, n’ayant pas de moyens de transport à disposition. Éric Breton précise : « Ce genre de constat représente un support à une décision publique qui ne peut pas se fonder uniquement sur des statistiques. Les chiffres statistiques sont importants mais ils ne nous disent pas quoi faire concrètement. Aussi, les milieux de vie, ville, entreprises, écoles, prisons... ne sont pas de simples réceptacles à personnes. Ils sont des lieux de promotion de la santé. »La santé est donc dans toutes les politiques et c’est cette gouvernance transversale qui va permettre à la France et à ses territoires d’améliorer le bien-être et les conditions de vie des populations. Pour cela il est important de prendre le temps de créer des liens, d’encourager des synergies entre les différents secteurs et acteurs et ce au plus proche de la population. Car c’est au contact des personnes affectées que des mesures concrètes peuvent émerger. La participation des citoyens est centrale là où l’État a un rôle de soutien et d’accompagnement.32 Et si on repensait le système ?3


































































































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